Vous êtes dans la tête de D., une jeune fille qui diffuse en direct son activité cérébrale lors d’une séance de traitement nouveau genre. En ligne avec d’autres participants, vous lui massez le cerveau pendant qu’elle laisse libre cours à ses pensées, ses émotions et ses obsessions. Là, elle vous raconte sa fin de semaine. Tantôt, son anxiété lui chante des rythmes accrocheurs qui lui restent dans un coin de la tête comme un ver d’oreille qui ne veut pas partir. Continuez à masser. Vous lui faites du bien. En échange, elle vous offre une visite guidée et commentée à l’intérieur de sa tête, encouragée par vos gestes et votre présence stimulante. D. s’abandonne sans filtre à ces pensées qui défilent — peut-être un peu comme les vôtres.
Sérotonine Anonyme, de Caroline Robert, est un film d’animation interactif qui explore avec sensibilité et humour le fonctionnement fascinant de notre cerveau.
Les projets numériques de l’ONF
Plusieurs fois par année l’ONF propose des projets de cinéma qui sortent de l’ordinaire. Souvent, on parle de projets interactifs. J’avais beaucoup aimé Motto, lancé en début de pandémie. Aujourd’hui, je me penche sur Sérotonine anonyme.
J’avais vraiment hâte de voir ce nouveau projet signé AATOAA. J’ai tout d’abord été agréablement surpris par le fait que c’est le spectateur/utilisateur qui décide de la durée de son expérience cinématographique. L’expérience peut durée aussi peu que 5 minutes, ou aussi longtemps que 19 minutes. Le choix se fait dès le début. On doit choisir combien de temps on veut masser D. Ce qui est assez amusant comme façon d’inviter l’utilisateur à choisir la durée de son expérience numérique.
Dans Sérotonine Anonyme, le simple fait de glisser notre doigt ou notre curseur sur l’écran a un effet concret et bénéfique pour D. Bon, c’est là que le bât blesse à mon avis. Les effets produits par l’interaction du spectateur ne sont pas clairement perceptibles. On a l’impression qu’on fait peut-être une différence, mais au final, on n’en est pas totalement certain. Ça m’a un peu fait décrocher, malgré la qualité de l’histoire qu’on propose.
Dans la tête de D.
Dans Sérotonine Anonyme, Caroline parle de l’anxiété et des émotions avec humour et de façon normalisée. Elle s’intéresse au fonctionnement fascinant du cerveau, à sa plasticité et à sa capacité à toujours se transformer par l’apprentissage. Par le toucher, elle donne aux participants et aux participantes la satisfaction de faire du bien.
L’interprétation tout en nuances de Julianne Côté nous donne à entendre une D. authentique et attachante avec qui il est facile de connecter. Un lien intime s’installe alors que nous réveillons ses souvenirs, sommes témoins de ses réactions et l’entraînons à visiter des chemins oubliés ou inexplorés de son cerveau.
Mais encore…
Malgré que Sérotonine Anonyme ne soit pas aussi réussi que certains autres projets du même genre créés par l’ONF, il vaut la peine. Le film traite vraiment bien le sujet de l’anxiété et des fichues bibites qui nous habitent en tant que personne.
Vous pouvez l’essayer ici.
Spécialiste en communication numérique et en cinéma international, vidéaste, photographe et créateur de contenu en tous genres.